Ce postulat vient à l’inverse de tout ce qui a été dit d’un monde en transition où l’important était de travailler sur une vision à long terme, à l’inverse de ce qui fait la force d’une marque ou de la construction d’un capital confiance par la cohérence d’engagements tenus dans le temps.
Alors, comment se situer sur la question stratégique de la stratégie ?
S’il est clair qu’une stratégie formalisée comme un plan rigide est inadaptée, il apparait que, pour faire les bons choix au bon moment, il est essentiel de d’avoir un cap, de savoir qui l’on est, de comprendre le contexte, les autres acteurs, la valeur attendue de ses clients, les dynamiques de création de valeur et les temporalités d’évolution, ses atouts différenciants, bref, d’être plus que jamais stratégique.
Stratégie : qu’est ce qui a changé ?
Forgé dans la Grèce antique, le mot « stratégie » n’a développé que plus récemment un imaginaire structuré voire rigide : d’abord dans le monde militaire des deux derniers siècles, puis, dans la période très concurrentielle des entreprises de l’économie de marché du XXe siècle. Quel que soit nos représentations de ce mot, la force d’une stratégie repose sur l’intelligence de la situation (compréhension des bons niveaux explicatifs), la pertinence de son approche (angle, scénario, anticipation) et la qualité de sa mise en œuvre par l’ensemble des acteurs de l’organisation (plan d’action, feuille de route). L’intelligence d’une stratégie ne se mesure qu’à son résultat, son efficacité.
Ce qui a changé aujourd’hui, c’est la combinaison entre intensité du mouvement, complexité et imprévisibilité. Trop d’enjeux nous tétanisent. Un peu comme si nous devions, en mer, gérer toutes les vagues. Si nous voulons ne pas subir les éléments et aire des choix pertinents, il est essentiel de comprendre ce qui se joue et de développer notre capacité de discernement. Nous pouvons de fait être stratégique – savoir où nous allons et être plus encore pertinent dans nos choix – sans être aucunement rigide.
Penser et agir stratégiquement
Ce qui relève de l’essence intemporelle de la stratégie, c’est l’intelligence. L’intelligence de ce qui va se jouer et de sa propre action. Être stratégique, c’est comprendre les différents horizons, les enjeux, les acteurs, les défis et développer, avec ses parties prenantes, une conscience dynamique du système, dans sa géographie, ses temporalités. Être stratégique, c’est conscientiser ses fondamentaux, savoir qui l’on est et ce que l’on veut être, devenir. Être stratégique, c’est faire se correspondre ces deux champs de conscience pour s’orienter, identifier ou imaginer des chemins nouveaux, des actions et des objectifs, décider vers quoi aller et comment, avec toute l’organisation, agir.
Ce qui est nouveau, c’est la nécessité de mobiliser l’intelligence stratégique en tant que dynamique créative, partagée… en évolution continue.
La stratégie évolutive comme moteur intelligent
Si hier, elle s’incarnait dans l’intelligence d’un raisonnement porté par un leader, désormais, la stratégie se définit comme une dynamique évolutive multi-échelle.
Une stratégie évolutive nécessite :
- Compréhension dynamique du réel : actualiser au travers de multiples contributeurs, sur plusieurs périmètres, une intelligence de ce qui se joue ;
- Conscience actualisée de son cap : partager ses fondamentaux, ses capacités et son ambition dans ;
- Prospective en Action : se projeter régulièrement sur différents horizons les évolutions possibles, identifier / imaginer les scénarios, percevoir leur portée et de déterminer les options ;
- Architecture Collaborative : mobiliser toute l’organisation sur une capacité agir stratégiquement : autonomie / synchronisation globale
- Décision stratégique itérative : anticiper, s’adapter, décider des actions et clarifier les objectifs et accompagner sur le comment agir.
- Dynamique Évolutive : travailler en cycles adaptatifs à différents niveaux en associant autonomie et partage de l’information sur la dynamique en évolution.
- Évaluation apprenante : partager à échéances régulières les expériences, les apprentissages et améliorer le fonctionnement.
L’évolution stratégique : devenir stratégiquement évolutif !
Être intelligent à l’instant T dans un contexte évolutif avec la bonne décision nécessite que chaque décideur de l’organisation, chaque acteur clé, puisse penser stratégiquement les évolutions dans leur dynamique pour agir en fluidité. C’est la quintessence de l’intelligence collective, la capacité à penser mieux le réel en le partageant pour renforcer le discernement des acteurs clés dans un dynamique d’évolution continu.