De la RSE à la CSRD, les nouveaux défis de l’engagement

Nous avions longtemps espéré la généralisation de la RSE à toute l’entreprise, à toutes les entreprises. Bonne nouvelle, nous y sommes plus ou moins. Mais, alors que la RSE est désormais quasiment partout, elle entre, en 2025, dans le risque d’une double crise du désengagement, associant sa banalisation dans le quotidien aux contraintes nouvelles de la CSRD. Comment éviter un retour en arrière dans cette période complexe ?

La RSE une quête en perte de souffle

A l’origine, la RSE était l’objet d’un certain militantisme. L’espoir de responsabiliser l’entreprise sur son impact, en incluant tous les sujets de progrès vertueux en une seule et même dynamique. Cette énergie a porté. Les progrès étaient limités mais l’adhésion était forte. Aujourd’hui, la Responsabilité Sociétale des Entreprises, s’est développé, ses impacts commencent à être significatifs, c’est même devenu une manière de penser l’entreprise, d’en mesurer les actions, et parfois, l’approche même de sa raison d’être. La RSE est devenue progressivement omniprésente, s’hybridant au quotidien d’autres défis plus urgents : priorités économiques, adaptation permanente à une actualité turbulente, aux hésitations inhérentes à un contexte en tension. Ces deux dernières années la RSE, portée par un plus faible engagement, tend à se diluer, se banaliser. Et si la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise n’est plus synonyme d’une force d’engagement, la démarche se vide de son sens, de son essence.

Et c’est ici qu’arrive la CSRD

Pour clarifier les progrès et les engagements, il était nécessaire de créer un système de mesure, de transparence, de comparaison, de pilotage. C’est le sens de la CSRD. L’Union Européenne, après beaucoup de travail a produit un système complet et donc quelque peu complexe. Si les uns s’enthousiasment, d’autres s’en inquiètent : la charge de reporting va augmenter, ils craignent que la capacité d’engagement de la RSE s’en trouve diminuée.

La CSRD va-t-elle donner le coup de grâce ?

Certains pensent même que la CSRD va tuer la RSE : c’est une standardisation comptable qui va rigidifier toute démarche, une incitation au reporting washing, une lourdeur inutile qui va rebuter les PME et les entreprises non cotées.

Agence en Facilitation Stratégique, nous pensons l’inverse. Que des démarches RSE aient du mal à mobiliser et à délivrer nous questionne : comment sur un aussi formidable sujet, ne pas trouver la vibration du sens, la force de l’énergie, la puissance de réalisation ? Ensuite, une organisation d’aujourd’hui ne peut pas ne pas intégrer la RSE dans sa stratégie. Une stratégie sans RSE, c’est une stratégie de performance « comme avant », à la fois peu attractive, peu responsable et qui ne pousse pas à l’efficience. L’efficience est plus que jamais une vraie valeur stratégique : elle pousse l’organisation à réduire son empreinte matérielle et carbone pour une meilleure création de valeur.

La RSE devient ici plus encore stratégique

Si la RSE est intégrée à la stratégie, la CSRD devient un cadre structurant pour la crédibiliser. Elle permet alors une meilleure comparabilité, une meilleure transparence, devient un amplificateur d’impact dans la durée, un enjeu de motivation individuelle et collective. Plutôt que d’être un supplément, la RSE devient un élément central de la gestion des risques et de la création de valeur, notamment avec l’intégration de la double matérialité.

Plutôt que de la “tuer”, la CSRD transforme profondément la RSE. Elle la fait passer d’une démarche pouvant être perçue comme inconstante à un engagement incontournable. Le vrai défi étant de préserver l’esprit de la RSE, en veillant à ce qu’elle demeure un enjeu de mobilisation, d’innovation, de compétitivité et de transformation continue.

Pour être pleinement la Responsabilité Sociétale des Entreprises, la démarche nécessite une vision d’ensemble, une conviction profonde, un sens pour faire naître une dynamique mobilisatrice qui engage la trajectoire même de l’organisation. C’est pourquoi nous disons que la RSE est stratégique.

L’écriture de la partition stimule l’orchestre

Le débat est trop souvent polarisé sur le poids des normes comme facteur limitant de l’action même, et plus encore de l’engagement. Une sorte de tue-l’amour.

Il existe d’autres domaines où la contrainte de l’œuvre écrite pourrait être un facteur limitant de l’action même, et plus encore de l’engagement. Prenons par exemple, la musique. La partition d’orchestre d’un opéra de 3H fait de 800 à 1500 pages selon les compositeurs. Quel est le travail du chef d’orchestre : transformer des notes en émotions sublimes, transformer une histoire en un questionnement personnel au plus intime du spectateur, faire plus encore que l’œuvre première soit la sienne plus encore que celle du compositeur. C’est untel qui dirige l’orchestre de tel endroit dans telle œuvre. Et c’est le nom de ce untel qui fait le prix du billet plus encore que celui du compositeur.

Comment faire de la RSE associée à la partition dense de la CSRD une œuvre qui transforme encore plus l’entreprise qu’hier ? Par la facilitation stratégique, pour faire en sorte que le chef d’orchestre qui va donner une âme à la partition, soit le collectif porté par les leaders de l’organisation.

Une RSE réinventrice du sens de l’entreprise

La RSE devient l’œuvre de l’entreprise dans la société, ce qui fait sens, émotion, valeurs. En poussant le questionnement jusqu’au rôle fondamental de l’entreprise dans la société, la démarche RSE offre l’occasion de formuler une véritable « raison d’être et d’agir » et d’engager une transformation de l’organisation. Elle dépasse alors tous les cadres normatifs qu’elle inclut comme l’orchestre embarque ses partitions. Cette approche aligne tout : les fondamentaux, la stratégie, la dynamique de transformation, les projets, avec l’énergie et la contribution de toutes ses parties prenantes.

En mettant en œuvre la RSE par la facilitation stratégique, vous mobilisez vos acteurs sur l’ambition RSE, la mission de l’entreprise et son développement. La RSE devient alors l’enjeu de sens de l’entreprise, la force de sa trajectoire stratégique. La RSE constitue le sujet mobilisateur de l’évolution de l’ensemble, qui lui donne une âme, du sens, la force de l’engagement.