Première partie : Explorons les opportunités
A la suite de nos vœux – « 2025, l’année du dépassement collectif » – la réaction de beaucoup est de bon sens : « le dépassement collectif, c’est bien mais la priorité est déjà comment retrouver des marges de manœuvre en 2025 ?
La question n’est pas anodine. Elle est stratégique ! Dans ces temps de brouillard peu propices pour lancer de grands projets, il y a un sujet concret, inhabituel autant que nécessaire pour développer de nouvelles capacités, une meilleure manière de faire, un sujet qui permet d’optimiser ses coûts et d’augmenter sa création de valeur, son expérience destinataire et son impact. Ce sujet a un nom : l’innovation organisationnelle.
Au commencement était les romains…
Permettons-nous une petite digression. Une grande avancée sur la compréhension des systèmes a été faite au travers des travaux du chercheur Joseph Tainter sur les civilisations (The Collapse of Complex Societies, 1988).

L’Empire Romain est né d’une dynamique de progrès militaires, politiques, urbains, sanitaires, agricoles, logistiques que nous connaissons tous, tellement ceux-ci ont marqué le paysage européen et méditerranéen.
Ces innovations étaient réplicables. L’Empire Romain s’est alors développé de manière intégrative jusqu’à devenir immense et donc complexe économiquement, complexe administrativement, complexe dans sa politique d’intégration des nouvelles populations. Plus il était complexe, moins il était capable de poursuivre sa capacité d’innovation et d’expansion. Ce qui le rendait de moins en moins légitime. Cette complexité a fini par tuer la dynamique qui lui permettait d’exister. L’effondrement est advenu en quelques décennies.
Joseph Tainter analyse de manière différenciée, l’Empire Romain d’Occident qui s’est arrêté de la manière que nous venons de décrire en 476 (Rome) et l’Empire Romain d’Orient (Constantinople) qui a pour sa part duré mille ans de plus (1453) car il s’est adapté, était moins centralisé, moins vertical, plus flexible et plus intégratif des influences extérieures.
Pour Joseph Tainter, une civilisation définit son cycle de vie entre trois mots : innovation, dynamique et complexité. Une civilisation grandit par la première – sa capacité d’innovation – qui génère une dynamique de développement qui engendre progressivement davantage de complexité. Quand cette complexité se développe – elle affaiblit la dynamique – qui en conséquence limite l’innovation. Et dès lors que l’innovation et la dynamique s’arrêtent, l’ensemble perd toute légitimité vis à vis de ses membres et s’effondre sur un délai bien plus court qu’il ne lui en a fallu pour se constituer. Des Égyptiens aux Mayas, de la Chine historique à l’URSS, la fin de ces empires est rarement le fait d’une catastrophe naturelle mais du surcroît de complexité que ces sociétés ont elles-mêmes engendrées.
Ce cycle est-il inéluctable ? Non, si le système sait à temps, régulièrement, réduire sa complexité, c’est-à-dire innover sur sa complexité organisationnelle.
L’entreprise confrontée à ses dynamiques d’évolution
Il en est de même pour l’entreprise. Au démarrage, elle peut être centrée intégralement sur l’innovation. C’est la force des startups. Et l’innovation qui rencontre le succès engendre de la croissance. Arrivée à un certain développement, l’organisation devient complexité. C’est la limite observée dans beaucoup de grandes entreprises.
En situation de crise, d’incertitude, de turbulences, les entreprises – par réflexe, par prudence – freinent leur innovation, limitent leur dynamique, réduisent de fait leur capacité de résilience à un moment où au contraire elles devraient augmenter en vitalité. Elles augmentent de ce fait leur fragilité d’autant que la complexité, insidieusement, elle, poursuit sa progression.
C’est non seulement la seule véritable option pour avancer en 2025 mais c’est d’autant plus stratégique que ne pas le faire réduirait les capacités de reprise le moment venu. C’est donc la période parfaite pour innover sur sa complexité organisationnelle.
Que recouvre l’innovation organisationnelle et comment celle-ci devient-elle un vrai sujet d’entreprise ?
Nous verrons tout cela dans notre deuxième article sur le sujet :
Comment retrouver des marges de manœuvre en 2025 ?
Deuxième partie : A la découverte de l’innovation organisationnelle