Vendredi 22 mars, Olivier Réaud et Jacques Fuchs animent un Interlab (un atelier France Facilitation by IAF réservé aux abonnés), sur la « Facilitation de Transformation », proposé dans la suite du OFF du 17 janvier sur le même thème. Pour les deux intervenants, la « Facilitation de Transformation » gagne aujourd’hui en importance en termes d’impact auprès des organisations de plus en plus confrontées aux dérives et aux échecs des méthodes classiques. En préparation de cet évènement, cet article se donne pour mission de poser l’enjeu de la démarche : « La Facilitation de Transformation, quelle différence ? »
La transformation classique est dans l’impasse…
La quasi-totalité des approches de conduite du changement, ou dites d’accompagnement de la transformation, parlent de « résistance au changement ». Pourquoi ? Parce que les approches classiques amènent l’évolution par l’extérieur du Collectif : soit par la hiérarchie de manière verticale (injonction), soit l’expertise extérieure (avis d’autorité), soit par un cabinet conseil au travers d’un processus de changement (enfermement). Et naturellement quand un être humain n’est pas libre, est même contraint sur un choix majeur de son parcours de vie – a fortiori professionnelle – il résiste. À ceci se rajoute encore la résistance induite par l’homéostasie du Système.
De cette confrontation naissent naturellement des méthodes assez désagréables à vivre et de plus en plus contreproductives. Comment faire autrement ? « Une entreprise, une administration, n’est pas un club de vacances ! » entendons-nous souvent formulé quand ce type de questionnement est abordé.
Une autre voie est à la fois possible et pertinente
Il y a pour les facilitateurs une autre voie : celle de l’intelligence collective.L’intelligence, c’est la capacité à partager une situation – même complexe – ensemble pour identifier des options d’évolution et en devenir collectivement acteurs. Partager une situation, c’est :
- clarifier des intentions et des objectifs (la direction générale souhaite, la politique de l’État dit) qui sont inhérents à la logique de l’entité dans laquelle nous travaillons ;
- identifier des constats signifiants, une problématique initiale ;
- comprendre un contexte d’enjeux internes et externes ;
- explorer les réalités, les opportunités, les contraintes.
Partager une situation collectivement permet de prendre conscience des enjeux d’évolution, de mettre l’intelligence du Collectif en situation de comprendre les choix, de projeter des scénarios, des alternatives, une ou plusieurs visions, pour lui permettre de devenir partie prenante de l’orientation prise. La démarche ne permet pas à chaque individu de voir chacun de ses vœux exaucés mais de comprendre ce qui fait sens pour l’organisation. Une étape essentielle pour s’engager ensemble, pour agir et réussir ensemble.
Pour le facilitateur, une évolution collective est toujours une opportunité. Démonstration. Si l’évolution qui se dessine est positive, c’est une évidence, si elle est négative, l’identification des choix permettra de faire le meilleur choix collectif dans la situation.
La force de cette « mise en situation d’opportunité » est de faire émerger le sens, c’est-à-dire la force qui relie les aspirations fondamentales de chacun aux défis à relever ensemble au travers de l’organisation. Ce sens porté par les parties prenantes, explicité, clair et lisible, permet de mettre le Collectif en énergie pour le rendre acteur de sa propre transformation. C’est le point de départ.
La facilitation de transformation est puissante
Une facilitation de transformation commence toujours par une « mise en situation d’opportunité » : engager le Collectif dans une dynamique de sens. Chacun s’implique, le Collectif devient partie prenante. La Transformation devient une dynamique.
Une fois « mis en situation d’opportunité », porté par sa dynamique, la démarche peut alors « rendre le Collectif acteur de sa transformation », pour ensuite « accomplir sa transformation » et enfin lui permettre de « s’autonomiser dans une dynamique continue ». Nous détaillerons vendredi prochain ces quatre temps. La différence est qu’en facilitation, la transformation s’opère de l’intérieur de chacun, par un alignement Je-Nous-Tous, par une mise en mouvement du Collectif porté par son énergie collective, par sa détermination à se transformer. En facilitation de transformation, il n’y a pas de « résistance au changement » proprement dite ici. Et cela change tout.
La « facilitation de transformation » est puissante à plusieurs degrés
Si la « facilitation de démarche » est performante pour coconstruire un contenu commun (projet, système technique, projet stratégique) – parce qu’elle permet une intelligence collective du contenu et de faire collectif avec lui – la « facilitation de transformation » permet à la fois de s’aligner sur la perspective d’un nouveau projet collectif et surtout de transformer le Collectif dans ce qu’il est en profondeur, dans ce qu’il veut être, ses valeurs, ses déterminants. Transformer, c’est faire évoluer le Système qui se joue au travers des individus qui le composent et le nourissent. Pas à leur insu. Avec le concours explicite et volontaire de l’intelligence du Collectif.
La facilitation de transformation est puissante car elle engendre une énergie intérieure individuelle et collective qui sera d’autant plus forte que le questionnement est à la fois grand et légitime. En travaillant par itération, ou de façon systémique, le facilitateur et le Collectif augmentent l’énergie de la transformation jusqu’à adresser les enjeux très fondamentaux du Collectif.
Un système ne peut que se transformer par lui-même. C’est pour cela que les autres méthodes échouent et engendrent par réaction de l’homéostasie la fameuse « résistance au changement ».
Quand sait-on qu’il y a véritablement « transformation » ?
C’est la question-clé. Est-ce que nous vivons une belle dynamique bien faite, vivante, mobilisatrice, génératrice de belles idées, dont il restera de bons souvenirs ? Ou bien, est-ce que nous vivons une véritable transformation, c’est-à-dire que notre organisation, dans ce qu’elle est, ce qu’elle fait, sa capacité à se projeter, sa manière de vivre et d’interagir, son énergie, sa trajectoire, sera durablement différente ?
Rendez-vous vendredi 22 mars à 13h
Vendredi 22 mars, nous partagerons des cas concrets. Nous éclairerons quelques outils pour évaluer une véritable transformation, pour appréhender la puissance de la « facilitation de transformation ». Nous identifierons enfin en quoi la facilitation de transformation est différente d’autres approches apparues récemment, par sa capacité propre et singulière à engager l’énergie profonde du collectif pour le transformer durablement, pour le rendre durablement autotransformant.
Olivier Réaud, associé fondateur de In Principo est également Président de IAF France, chapitre français de l’Association Professionnelle des Facilitateurs IAF World (International Association of Facilitators, www.iaf-world.org)
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Notre Article de Janvier sur la Facilitation de Transformation : Pourquoi et comment transformer son organisation par la facilitation ?
Replay du OFF France Facilitation du 17 janvier – La Facilitation de Transformation