Transformation ? Un mot devenu synonyme d’épuisement collectif, de contraintes, d’injonctions. Combien de fois les espoirs initiaux engendrent l’inverse du but recherché ? Trop souvent la transformation ne touche qu’aux procédés et pas aux capacités, aux normes et non au vivant, à ce qui contraint et non à ce qui mobilise l’énergie, la performance, le dépassement.
Comment la transformation peut-elle redevenir source d’énergie continue, comment peut-elle être stratégique au sens où elle mobilise les pleines capacités de l’organisation en face des défis qu’elle veut relever ? Comment la transformation constitue-t-elle une véritable régénération stratégique ?
Pourquoi, aujourd’hui encore, vouloir se transformer ?
Dans le contexte tendu que nous vivons nos organisations n’ont-elles pas mieux à faire ? Si votre organisation vit pleinement l’incertitude et les turbulences, en évoluant positivement, en tirant parti chaque jour des vents et des courants pour servir un cap mobilisateur, c’est que vous vous êtes très bien adapté. Tant mieux. La plupart des organisations que nous rencontrons ne sont pas tout à fait dans ce cas. Pourquoi ?
Tout change mais rien ne change
Depuis deux siècles, la manière de concevoir une organisation a en fait très peu changé. Une entreprise nait autour d’un projet. Les personnes qui lui donnent naissance définissent des processus et des fonctions, spécifient un mode de fonctionnement. Quand la donne change, on décide d’évoluer, éventuellement, on s’appuie sur un conseil en organisation. Une fois l’organisation redéfinie, c’est reparti pour une nouvelle période. L’organisation dans ce regard-là reste toujours un objet, une structure, une mécanique avec ses rouages.
Vers les organisations vivantes
Quand le contexte évolue en continu, que l’avenir à moyen terme est incertain et le présent turbulent, la structure – quelle qu’elle soit – devient un handicap. Une sorte de squelette rigide qui ne permet pas de s’adapter. Il devient nécessaire de se transformer – non pour faire en plus lourd du changement – mais pour passer d’une structure objet à une organisation vivante : une organisation où les acteurs sont conscients du fonctionnement qui les porte et peuvent être acteurs, moteurs, créateurs de son évolution.
Une organisation est vivante quand ses acteurs sont conscients, à la fois, de ce qu’ils réalisent ensemble, c’est-à-dire du contenu (métier, proposition de valeur, bénéfices clients, impacts) et de son contenant (l’organisation, l’architecture, le fonctionnement, la géographie des talents) qu’ensemble, ils constituent. En amenant un collectif à « se » penser ensemble dans leur contexte et d’avoir du recul sur ce ce qu’ils y font, on amène le collectif – ses dirigeants, ses responsables, ses managers, ses collaborateurs – à assumer l’intelligence de leur évolution, à développer leurs capacités fondamentales, leurs valeurs, leur mode de fonctionnement pour s’adapter, se renforcer, anticiper, évoluer.
C’est non seulement une source de performance (on s’adapte mieux), mais c’est plus encore une source d’implication, de confiance, d’énergie. Et ça change tout.
Pourquoi représenter la transformation comme un bateau dans une mer forte ?
La différence entre les organisations d’hier et d’aujourd’hui n’est pas seulement dans telle ou telle pratique managériale, valeurs ou posture (c’est toujours très important) mais véritablement dans la capacité du collectif à être conscient de ce qui le fait fonctionner ensemble, de ce qui fait sa qualité de collectif. Comme un sportif doit avoir une pleine conscience de son corps, une organisation doit avoir conscience d’être une réalité humaine unique qui porte des activités et qui évolue dans un contexte, certes, un peu plus chahuté aujourd’hui qu’hier, tel un bateau confiant de tracer sa route dans des flots un peu houleux, un bateau servi par un équipage suffisamment aguerri pour utiliser les vents et les courants pour aller plus vite encore vers son cap.
Une transformation est complète et évolutive
Qu’est ce alors qu’une transformation aujourd’hui ? C’est une prise de conscience du collectif de ses enjeux présent et à venir, de ses enjeux internes et externes, de ce qui fait l’essence de sa performance et de sa valeur ajoutée, de ce qui fait son destin et la qualité de son fonctionnement et qui – sur plusieurs dimensions essentielles – s’ajuste, évolue, et surtout apprend à évoluer en continu, par cycle apprenant, innovant, transformant. L’important n’est pas de faire une « immense transformation » mais de se transformer quelque peu pour savoir évoluer en continu. Donc nous sommes loin de la « transformation traumatisme » qui a tant fait de dégâts et fait renoncer nombre de décideurs à des transformations nécessaires.
Une transformation vivante est stratégique
Comment se transforme-t-on réellement « quelque peu » pour se transformer ensuite en continu ? L’enjeu de l’approche de la Régénération Stratégique est de développer sur la prise de conscience des enjeux une compréhension stratégique, au niveau de l’ensemble des acteurs du collectif, de ce qui se joue. Si tout le monde n’accède pas à la même complexité de lecture de tous les enjeux, chacun doit avoir en lui la conscience des enjeux, le sens de l’histoire, condition sine qua non, pour en être acteur, moteur, créateur.
Si chacun devient acteur, moteur, créateur, alors le collectif est acteur, moteur, créateur de la puissance collaborative de l’entreprise. Il n’y a donc plus de transformation réussie sans facilitation stratégique de l’organisation.
Une transformation réussie est source de puissance continue
L’organisation devient vivante, intelligente avec sa trajectoire, stratégique avec ses enjeux externes et internes, court, moyen et long terme, ses actifs, ses atouts, ses forces, ses faiblesses, sa singularité. La forte évolution du contexte, comprise alors par tous devient des opportunités pour se renforcer, aller de l’avant, se développer, se dépasser. Les décisions prises par les acteurs clés à la barre du bateau sont prises en cohérence et en lisibilité avec l’ensemble de ses parties prenantes.
L’énergie environnante, intégrée par le système, devient une source d’énergie du collectif, de réalisation collective, de dépassement collectif. C’est une source de puissance et de différenciation continue puisque c’est la capacité du collectif qui utilise l’énergie extérieure pour renforce son énergie intérieure, c’est son énergie intérieure qui donne au collectif le courage d’aller de l’avant et d’anticiper, de se différencier. Le collectif ne subit plus l’environnement, il s’en sert pour être plus fort, plus pertinent, plus puissant.
C’est pourquoi une transformation réussie est source de puissance continue.